woman in gray hoodie and blue denim jeans sitting on brown wooden bench

A l’heure où j’écris, mon ciel intérieur s’éclaircit. Je sais que je suis sortie de mon voyage au coeur de mes ombres. Mon genou m’a montré qu’il était possible de marcher, mais d’une manière différente, plus consciente. Quand mon chirurgien m’a dit que je marchais trop et que mon genou gonflé trinquait, je n’ai pas compris de suite ce que cela signifiait. Pour moi cela voulait surtout dire de ralentir encore, d’arrêter encore. Mais on ne peut arrêter le mouvement de la vie. En fait, il ne s’agissait pas de cela. Au contraire, la vie, à travers mon genou m’invitait à me mouvoir autrement : et j’ai appliqué à la lettre ce que ma jambe voulait. Prendre conscience de chacun de mes mouvements, mettre mon attention dans mes pieds au lieu de focaliser sans cesse sur ce genou douloureux. Mon kiné n’arrêtait d’ailleurs pas de me le dire : « déroule ton pieds ». Je ne comprenais pas.. évidemment ! Puis la pièce est tombée : « ahhh dérouler mon pieds, suivre son mouvement, poser son talon puis sa plante de pieds puis les orteils, l’un à la suite de l’autre « . Pour cela, il fallait que je mette mon attention dans chacun de ces mouvements, l’un après l’autre, d’abord lentement puis plus naturellement. Et ma marche a changé. J’étais moins tordue, la hanche, le dos et le genou suivaient, tout naturellement. Mon extension et mon pliage revenaient. Un peu comme si cette jambe gauche imitait les mouvements fluides de la jambe droite. Je réapprenais à marcher.

Certes j’ai marché plus lentement, mais à chaque pas, je sentais que tout se relachait autour du genou. J’étais ancrée dans ma marche comme jamais. Ce qui est comique c’est que cela faisait des mois que je me disais et que je sentais ce besoin d’ancrage, de connexion au sol, à la terre. Et rien n’arrive jamais comme tu t’y attends :)

Aujourd’hui, l’énergie revient, les envies, les projets. Mon projet du moment c’est de ne pas avoir de projets. J’observe simplement ce mouvement intérieur que je connais depuis toujours, de m’enthousiasmer, de démarrer excitée comme une puce, de mobiliser, rassembler, me dépasser. Puis de retomber, fatiguée et en doute. Si je suis bien honnête avec moi même, je connais ce mouvement de haut et de bas. Mais je choisis de ne plus suivre cela, de ne plus me laisser guider par des shémas appris. Je choisis la REPRISE comme dirait Kierkegaard, sortir de la répétition et choisir du nouveau. Aujourd’hui, je contemple mon potager vide et je me demande quelle plante va y pousser, qu’ais-je envie de planter? au lieu de suivre mon mouvement habituel de remplir de neuf et vite. Il ne s’agit pas uniquement de ce que je veux, mais aussi de ce qui a envie de venir à moi, ce qui est « attendu », « souhaité » et contre lequel je lutte ou que je refuse encore peut-être. Et au lieu de « je veux », je me dis « mais où suis-je attendue ?  » où est-ce que Dieu (ou la vie) veut me voir ? car je sais que là où la vie (ou Dieu) me veut, c’est là aussi où je serai alignée, en phase avec mon corps, mon âme, mon esprit.

Rien ne nous arrive.

J’ai la chance dans ces moments longs de doute et de questionnement intenses de passer des moments avec des personnes riches. riches de vie et d’expériences. Et c’est tellement aidant d’avoir des personnes avec lesquelles tu n’es pas juste en train de te morfondre, car tu sais que les conversations avec ces personnes là vont toujours t’amener plus loin : une écoute profonde où tu peux enfin te permettre de dire tout ce qui est difficile, pénible, mais tu sais aussi qu’en parlant de cela avec elles, jamais cela ne va en rester là. une simple question et cela t’amène plus loin : « oh oui c’est vrai que…. » « oh je n’avais pas vu cela comme cela « , et tu peux te permettre ce genre de questionnement très honnête avec toi même et avec l’autre, car tu sais au plus profond du coeur de ton amitié qu’au moins avec cette personne là, tu ne seras pas jugée. Ces grandes amitiés que l’on a la chance d’avoir dans sa vie, offrent toutes un soutien différent : l’une est pragmatique, comme un sapin, reste droite et te ramène sur terre quand tu pars trop loin dans tes questionnements, elle est le bon sens incarné; quand une autre est « à fond les ballons » comme on dit, toujours prête à aller explorer plus loin, à creuser et suivre ce que le mouvement de la vie lui amène ; un autre type d’amitié fonctionne comme un laser qui n’épargne rien et dit tout haut ce que tu sais que tu penses tout bas. Les amitiés ne sont donc pas uniformes !

Mais grâce à ce soutien de ces personnes en qui tu as confiance, tu peux alors t’autoriser à aller beaucoup plus loin dans la vision de tes ombres que seul. Tu peux aussi te sentir épaulée, soutenue dans des moments plus difficiles ou partager joyeusement tes joies. Parce que tu n’es pas seul. C’est cela la vraie amitié. Il y a des femmes, des hommes, des personnes là depuis longtemps, d’autres moins, …

Et il faut reconnaître le cadeau quand nous avons l’opportunité de pouvoir côtoyer ce genre d’être qui sont dans le coeur avec vous.

Bref ma vie est en train de prendre un nouvel essor, rien ne change encore vraiment, mais déjà un autre mouvement s’installe, un retour à soi, à ce qui est vrai, unique. C’est peut-être cela simplement que j’ai cherché toute ma vie. Merci mon corps de m’avoir montré le chemin.

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