La séparation est-ce un drame pour les enfants ?

Je reçois pas mal de parents qui souhaitent se séparer et s’inquiètent du devenir de leurs enfants. « Je ne veux pas qu’ils subissent le poids de ma décision », « je vais briser leur enfance », « Ils vont m’en vouloir à vie »,… ces éléments sont souvent aussi utilisés contre celui ou celle qui souhaite mettre fin à la relation lorsque cette séparation n’est pas assumée comme un choix commun.

C’est vrai que vivre dans une ambiance pourrie, parfois violente, ou sans aucune chaleur affective, c’est nettement mieux comme modèle de vie à donner aux enfants.

Alors si au lieu de conclure « c’est un drame », « je suis, il/elle est ignoble d’égoïsme », etc… vous vous demandiez ce que vous souhaitiez donner comme modèle, quelle inspiration voulez vous être pour eux ? La stabilité est importante, la sécurité intérieure, mais la flexibilité et l’adaptation au changement est primordiale aussi dans un monde où la vie est mouvement.

Pour avoir travaillé longtemps dans le domaine de la séparation conflictuelle et les violences conjugales, je peux vous affirmer ceci : le pire pour un enfant est de vivre dans un état de stress chronique avec de la violence familiale. Le pire est de s’inquiéter pour un des parents ou pour les deux, de craindre pour leur sécurité.

Le pire pour un enfant n’est pas que les parents se séparent, même s’ils le disent au début, même s’ils fantasment encore parfois sur une réunion parentale. Le pire est que les conflits perdurent après la séparation. Car pour eux, c’est un peu comme s’ils n’y gagnaient rien du tout : le stress et l’inquiétude continuent.

Ce n’est pas moi qui l’invente, c’est ce que me disent TOUS les enfants que je rencontre lors d’expertises judiciaires, épuisés par l’attention qu’ils portent à leurs guerriers de parents.

Il y a tant à dire sur ce sujet… mais pour aujourd’hui, restons général : vous vous séparez, vous vous inquiétez pour les enfants.

  •  voyez s’il est possible de dialoguer entre parents (sans évoquer vos rancoeurs personnelles, ne pas tout mélanger, même si c’est difficile)
  • informez vos enfants du choix du couple (et peu importe que ce soit « maman veut que , ou papa veut que »), même si c’est évident pour vous, rassurez les sur le fait que les adultes peuvent se séparer s’ils ne s’aiment plus ou se disputent trop, mais pas les enfants et les parents
  • dites-leur que la famille reste mais qu’elle va changer de forme, et informez les le plus possible sur les modalités pratiques (pour les plus jeunes, un calendrier pour savoir quand ils vont chez le parent, où ils vont dormir, etc…), les enfants ont souvent besoin de choses très pragmatique auxquelles on ne pense pas toujours
  • ne cherchez pas à camouflez tout ce que vous ressentez en disant « tout va bien » alors que vous pleurez. Votre enfant n’est pas un crétin, il capte. C’est l’occasion pour lui de voir qu’on peut être dans les émotions, que ce n’est pas être faible ou mal. Pas besoin non plus d’aller dans les détails « c’est ton connard de père qui… c’est ta connasse de mère qui… » même si vous le pensez très fort.
  • à ce sujet, quel que soit la haine, rancoeur, colère, tristesse que vous trouvez pour le partenaire, pitié : N’INSULTEZ PAS LE PARENT DE VOTRE ENFANT. N’oubliez pas qu’en l’insultant, c’est votre enfant que vous insultez aussi, et il le prendra comme tel, même en silence !
  • n’édulcorez pas non plus, s’il y a eu de la violence conjugale, ne parlez pas de petites disputes, nommer, expliquer (avec un langage adapté). Les enfants sont conscients, mais par solidarité pour le déni ou la souffrance parentale, ils peuvent choisir le point de vue du parent, et étouffer leurs ressentis. Cela ressurgit après.
  • toujours en cas de violence, pour les partenaires qui ont le plus « agit » la violence, rien de tel que de le reconnaitre, et d’oser dire « j’ai eu tord », même s’il y a un contexte qui joue. Cela montrera à votre enfant l’adulte responsable qu’il peut choisir de devenir. Dans ces situations où votre enfant a été témoin (même si pas visuel) de violences, faites le accompagner. Les scènes (auditives, visuelles,…) le stress chronique peut être le lit d’un vécu traumatique et de croyances néfastes pour lui et votre relation avec lui. Des techniques efficaces existent pour aider la mémoire à traiter ces souvenirs intenses.
  • si après la séparation, ce n’est pas possible pour vous d’échanger avec votre partenaire, maintenant malgré tout un « bonjour » cordial, autorisez votre enfant à aller vers l’autre parent, ne lui imposez pas de couper son univers. Privilégiez les échanges de garde à l’école pour éviter de vous croiser. Mettez les formes quand vous vous adressez à l’autre. Rappelez vous que vous êtes deux animaux blessés prêts souvent à bondir à la moindre occasion.
  • laissez votre enfant avoir un sac avec des affaires personnelles
  • rappelez-vous que ce que vous faites, ce n’est pas pour faciliter la vie de votre ex, c’est pour faciliter la vie de votre enfant.

Suite au prochain épisode…

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